Un portrait de Krusenstern, devenu héros national russe après son tour du monde. Il n’a jamais évoqué “sa” mutinerie de Nuku Hiva dans ses écrits postérieurs à l’expédition.
Tahiti, le 4 septembre 2020 - Les mutineries dans la marine sont rares, et celles qui sont menées par le capitaine d’un navire lui-même sont tout à fait exceptionnelles ; c’est ce à quoi a dû se résoudre le capitaine russe Krusenstern lors de son tour du monde : en escale à Nuku Hiva, lui et tous ses officiers se liguèrent contre un diplomate de haut rang se trouvant à bord, Rezanov désireux de passer outre les ordres du capitaine et se prétendant chef de l’expédition...
Imaginez deux hommes partageant des mois durant, dans des conditions de vie relativement rustiques, la même cabine sur un navire à voile effectuant un tour du monde. Imaginez ces deux mêmes hommes en conflit ouvert, ne s’adressant pas la parole et ne communiquant que par des mots gribouillés à la hâte sur des morceaux de papier... Vous aurez là la toile de fond de la grande aventure que fut la première circumnavigation russe, celle du capitaine Johann Adam von Kruzenshtern et celle de l’ambassadeur plénipotentiaire de Russie au Japon, Nikolaï Petrovitch Rezanov.
Durant les premiers mois de leur cohabitation forcée, les deux hommes, après avoir quitté Kronstadt le 7 août 1803, touchèrent le sud de l’Angleterre, les îles Canaries, le Brésil, le cap Horn avant d’arriver à Nuku Hiva. C’est aux Marquises du nord que leur conflit, après avoir couvé huit mois, prit l’ampleur d’une quasi mutinerie durant l’escale de onze jours, entre le 31 mars et le 8 avril 1804. Nous écrivons quasi mutinerie car si ce n’en fut pas une aux yeux de Krusentern, c’en fut bel et bien une pour Rezanov qui tenta, plus tard, de faire pendre Krusentern et tous ses officiers !
Imaginez deux hommes partageant des mois durant, dans des conditions de vie relativement rustiques, la même cabine sur un navire à voile effectuant un tour du monde. Imaginez ces deux mêmes hommes en conflit ouvert, ne s’adressant pas la parole et ne communiquant que par des mots gribouillés à la hâte sur des morceaux de papier... Vous aurez là la toile de fond de la grande aventure que fut la première circumnavigation russe, celle du capitaine Johann Adam von Kruzenshtern et celle de l’ambassadeur plénipotentiaire de Russie au Japon, Nikolaï Petrovitch Rezanov.
Durant les premiers mois de leur cohabitation forcée, les deux hommes, après avoir quitté Kronstadt le 7 août 1803, touchèrent le sud de l’Angleterre, les îles Canaries, le Brésil, le cap Horn avant d’arriver à Nuku Hiva. C’est aux Marquises du nord que leur conflit, après avoir couvé huit mois, prit l’ampleur d’une quasi mutinerie durant l’escale de onze jours, entre le 31 mars et le 8 avril 1804. Nous écrivons quasi mutinerie car si ce n’en fut pas une aux yeux de Krusentern, c’en fut bel et bien une pour Rezanov qui tenta, plus tard, de faire pendre Krusentern et tous ses officiers !
Un marin et un homme de cour
L’ambassadeur plénipotentiaire Rezanov crut bien naïvement que les officiers des deux navires russes désavoueraient leur capitaine. Il n’eut pas le temps de rentrer à Moscou, ayant trouvé la mort en Sibérie orientale...
Mais avant de parler de ce qui mit le feu aux poudres entre les deux hommes, revenons déjà sur leur passé respectif.
- Johann Adam von Kruzenstern (19 novembre 1770- 24 août 1846) était un marin de trente-trois ans quand il fut nommé capitaine de la Nadezhda (Espérance, en russe) ; flanquée du sloop Neva (capitaine Youri Fedorovitch Lisianski), la Nadezhda avait à charge de réaliser le premier tour du monde sous pavillon russe et surtout de développer le commerce entre les côtes nord-est et nord-ouest du Pacifique (côtes sur lesquelles la Russie avait des prétentions, possédant déjà l’Alaska). Le baron von Krusenstern affichait déjà une solide expérience de la mer : il avait voyagé aux Indes et en Chine sur des bâtiments britanniques et pour lui, développer le commerce des peaux entre les côtes ouest de l’Amérique du nord et la Chine (où elles étaient payées au prix fort) permettrait d’apporter de l’argent frais dans les caisses russes. C’est d’ailleurs lui qui, dès 1799, avait soumis ce projet de voyage, remis aux calendes grecques pour cause de guerre.
- Pour sa part, Nikolaï Petrovitch Rezanov (28 mars 1764-17 février 1807) n’avait jamais mis le pied sur un bateau avant de monter à bord de la Nadezhda. Etant un des trois barons de Russie, il commença sa vie professionnelle à la cour mais il s’en éloigna vite pour focaliser son énergie sur la création, à l’image de la Compagnie des Indes orientales britannique, d’une Compagnie russo-américaine ayant le monopole du commerce des fourrures dans le Pacifique Nord. En 1802, reprenant le projet de 1799 de Kruzenstern, il proposa de créer une Russian-American Company, la RAC, projet qui fut validé par le gouvernement. Mais avant tout, il fut nommé ambassadeur plénipotentiaire afin de permettre à la Russie de renouer des liens commerciaux avec le Japon. Deux ans après avoir embarqué avec Krusenstern, il échoua totalement dans sa mission diplomatique, englué d’octobre 1804 à mai 1805 dans d’infinis et vains pourparlers avec ses hôtes nippons.
- Johann Adam von Kruzenstern (19 novembre 1770- 24 août 1846) était un marin de trente-trois ans quand il fut nommé capitaine de la Nadezhda (Espérance, en russe) ; flanquée du sloop Neva (capitaine Youri Fedorovitch Lisianski), la Nadezhda avait à charge de réaliser le premier tour du monde sous pavillon russe et surtout de développer le commerce entre les côtes nord-est et nord-ouest du Pacifique (côtes sur lesquelles la Russie avait des prétentions, possédant déjà l’Alaska). Le baron von Krusenstern affichait déjà une solide expérience de la mer : il avait voyagé aux Indes et en Chine sur des bâtiments britanniques et pour lui, développer le commerce des peaux entre les côtes ouest de l’Amérique du nord et la Chine (où elles étaient payées au prix fort) permettrait d’apporter de l’argent frais dans les caisses russes. C’est d’ailleurs lui qui, dès 1799, avait soumis ce projet de voyage, remis aux calendes grecques pour cause de guerre.
- Pour sa part, Nikolaï Petrovitch Rezanov (28 mars 1764-17 février 1807) n’avait jamais mis le pied sur un bateau avant de monter à bord de la Nadezhda. Etant un des trois barons de Russie, il commença sa vie professionnelle à la cour mais il s’en éloigna vite pour focaliser son énergie sur la création, à l’image de la Compagnie des Indes orientales britannique, d’une Compagnie russo-américaine ayant le monopole du commerce des fourrures dans le Pacifique Nord. En 1802, reprenant le projet de 1799 de Kruzenstern, il proposa de créer une Russian-American Company, la RAC, projet qui fut validé par le gouvernement. Mais avant tout, il fut nommé ambassadeur plénipotentiaire afin de permettre à la Russie de renouer des liens commerciaux avec le Japon. Deux ans après avoir embarqué avec Krusenstern, il échoua totalement dans sa mission diplomatique, englué d’octobre 1804 à mai 1805 dans d’infinis et vains pourparlers avec ses hôtes nippons.
Des ambiguïtés dès le départ
A la tête de cette expédition, d’un côté, un marin aguerri, de l’autre un noble certes érudit (il parlait cinq langues à quatorze ans) mais surtout très imbu de sa personne, persuadé qu’il était l’unique chef des deux navires, alors que Krusenstern, en date du 2 août 1802, après l’intervention du comte Rumyantsev, avait été officiellement nommé chef de la première circumnavigation russe (Lisianski, sur la Neva, ayant été recruté le 21 août).
Reste que les 126 membres composant les deux équipages (84 à bord de la Nadezhda dont un jeune officier qui se fera connaître plus tard, Fabian Gottlieb von Bellingshausen) dépendaient de la RAC, mais à celle-ci, il fut interdit de naviguer sous son pavillon, le navire de Krusentern battant pavillon de St André et la Neva pavillon national russe. Bref, il y avait quelques ambiguïtés au départ de cette longue aventure, et il n’est guère étonnant qu’un motif somme toute assez banal ait fini par déclencher la fameuse mutinerie.
A l’époque où se situe ce voyage, les îles Marquises, groupe Nord et groupe Sud, sont déjà connues. Krusenstern, qui veut éviter de perdre du temps, décide après le passage du cap Horn, de s’y rendre directement, laissant à la Neva le soin de marquer une brève escale à l’île de Pâques.
Reste que les 126 membres composant les deux équipages (84 à bord de la Nadezhda dont un jeune officier qui se fera connaître plus tard, Fabian Gottlieb von Bellingshausen) dépendaient de la RAC, mais à celle-ci, il fut interdit de naviguer sous son pavillon, le navire de Krusentern battant pavillon de St André et la Neva pavillon national russe. Bref, il y avait quelques ambiguïtés au départ de cette longue aventure, et il n’est guère étonnant qu’un motif somme toute assez banal ait fini par déclencher la fameuse mutinerie.
A l’époque où se situe ce voyage, les îles Marquises, groupe Nord et groupe Sud, sont déjà connues. Krusenstern, qui veut éviter de perdre du temps, décide après le passage du cap Horn, de s’y rendre directement, laissant à la Neva le soin de marquer une brève escale à l’île de Pâques.
Deux Européens parmi les Marquisiens
Les tropiques n’étaient pas la cible des Russes, qui souhaitaient plutôt prendre le contrôle du commerce des peaux dans le nord du Pacifique.
Compte tenu de sa trajectoire, c’est bien naturellement au groupe Sud des îles Marquises qu’arriva Krusenstern qui ne sera rejoint que plus part par la Neva, lorsqu’il sera à Nuku Hiva dans le groupe Nord. Il y parvint le 7 mai, la Neva le 11 du même mois.
De son séjour sur la “Terre des hommes”, le Russe a laissé un compte-rendu digne des meilleurs ethnologues, tant il étudia avec soin la vie et les mœurs de cette population qu’il découvrait. Certes, il reçut une aide très importante de la part de deux Européens résidant déjà sur place, l’Anglais Edward Robarts et le Français Joseph Kabris (voir Tahiti Infos du 1er juin 2017, article consultable sur le site), et de ce fait, ses travaux demeurent la référence (les siens et ceux des spécialistes l’accompagnant, nous pensons bien entendu en premier lieu aux précieuses illustrations de Tilesius).
A cause du cannibalisme pratiqué par les insulaires, Krusentern exigea de tous les membres d’équipage de ne jamais se rendre seuls à terre. Outre refaire les stocks d’eau, le Russe avait également un besoin pressant de vivres frais et notamment de viande. Il y avait certes des porcs sur Nuku Hiva, mais trop peu pour que les habitants les cèdent pour de simples babioles. Compte tenu des prix élevés demandés, Krusenstern interdit tout commerce direct avec les Marquisiens ; s’il était facile d’obtenir noix de coco, fruits de l’arbre à pain ou bananes, échangés contre des morceaux de cerceaux de fer qui étaient vite transformés en outils, couteaux ou haches, en revanche pour la viande, il fallait déployer des trésors de patience et négocier de longues heures avant d’espérer voir poindre le groin d’un porc. La preuve nous en est fournie par le journal de bord qui fait état, en onze jours d’escale, de seulement quatre cochons mâles et de trois femelles, animaux ayant été immédiatement mangés par les équipages des deux bateaux.
De son séjour sur la “Terre des hommes”, le Russe a laissé un compte-rendu digne des meilleurs ethnologues, tant il étudia avec soin la vie et les mœurs de cette population qu’il découvrait. Certes, il reçut une aide très importante de la part de deux Européens résidant déjà sur place, l’Anglais Edward Robarts et le Français Joseph Kabris (voir Tahiti Infos du 1er juin 2017, article consultable sur le site), et de ce fait, ses travaux demeurent la référence (les siens et ceux des spécialistes l’accompagnant, nous pensons bien entendu en premier lieu aux précieuses illustrations de Tilesius).
A cause du cannibalisme pratiqué par les insulaires, Krusentern exigea de tous les membres d’équipage de ne jamais se rendre seuls à terre. Outre refaire les stocks d’eau, le Russe avait également un besoin pressant de vivres frais et notamment de viande. Il y avait certes des porcs sur Nuku Hiva, mais trop peu pour que les habitants les cèdent pour de simples babioles. Compte tenu des prix élevés demandés, Krusenstern interdit tout commerce direct avec les Marquisiens ; s’il était facile d’obtenir noix de coco, fruits de l’arbre à pain ou bananes, échangés contre des morceaux de cerceaux de fer qui étaient vite transformés en outils, couteaux ou haches, en revanche pour la viande, il fallait déployer des trésors de patience et négocier de longues heures avant d’espérer voir poindre le groin d’un porc. La preuve nous en est fournie par le journal de bord qui fait état, en onze jours d’escale, de seulement quatre cochons mâles et de trois femelles, animaux ayant été immédiatement mangés par les équipages des deux bateaux.
Rezanov refuse d’obéir
C’est au sujet de ces échanges avec les insulaires que le conflit entre Krusentern et Rezanov éclata au grand jour : face aux difficultés rencontrées pour obtenir de la viande, Krusenstern interdit tout commerce de haches appartenant à la RAC contre les objets locaux (armes, artisanat...). Il savait que les Marquisiens accordaient un très grand prix aux haches en métal et c’est grâce à elles qu’il espérait obtenir plus de suidés.
Le 7 mai 1804, le capitaine lut à voix haute un ordre spécifiant que ces règles étaient à appliquer strictement, citant d’ailleurs Vancouver qui avait utilisé la même méthode lors de son passage à Tahiti. Mais Rezanov, qui estimait être au-dessus des ordres du chef de l’expédition, se considérant lui-même comme le véritable chef, ne respecta évidemment pas la consigne et, avec un négociant dénommé Shemelin, enfreint l’ordre.
Le 9 mai, Krusenstern fut obligé d’abroger sa consigne, de libérer les échanges en quelque sorte, ce qui eut pour effet de dévaloriser considérablement les cerceaux métalliques.
Dans le même temps, Rezanov exigeait de Shemelin qu’il dépensa le maximum de métal pour acheter autant de curiosités possibles, destinées aux collections du Kunstkamera (musée d'Ethnographie et d'Anthropologie Pierre-le-Grand de l'Académie des sciences de Russie, situé à Saint Pétersbourg). Profitant de ce désordre, non seulement le prix du porc flamba, rendant tout achat quasi impossible, mais en outre, les Marquisiens exigèrent pour la moindre bricole des cerceaux, des haches et des couteaux.
Le 7 mai 1804, le capitaine lut à voix haute un ordre spécifiant que ces règles étaient à appliquer strictement, citant d’ailleurs Vancouver qui avait utilisé la même méthode lors de son passage à Tahiti. Mais Rezanov, qui estimait être au-dessus des ordres du chef de l’expédition, se considérant lui-même comme le véritable chef, ne respecta évidemment pas la consigne et, avec un négociant dénommé Shemelin, enfreint l’ordre.
Le 9 mai, Krusenstern fut obligé d’abroger sa consigne, de libérer les échanges en quelque sorte, ce qui eut pour effet de dévaloriser considérablement les cerceaux métalliques.
Dans le même temps, Rezanov exigeait de Shemelin qu’il dépensa le maximum de métal pour acheter autant de curiosités possibles, destinées aux collections du Kunstkamera (musée d'Ethnographie et d'Anthropologie Pierre-le-Grand de l'Académie des sciences de Russie, situé à Saint Pétersbourg). Profitant de ce désordre, non seulement le prix du porc flamba, rendant tout achat quasi impossible, mais en outre, les Marquisiens exigèrent pour la moindre bricole des cerceaux, des haches et des couteaux.
Les officiers du côté de Kruzenstern
Le Krusenstern est un quatre-mâts barque, l’un des plus beaux voiliers du monde. Construit en Allemagne en 1926, alors baptisé Padua, il a été donné en 1946 à l’URSS au titre des dommages de guerre et rebaptisé du nom de l’explorateur russe.
Evidemment, la cohabitation entre le capitaine et le diplomate devenait impossible et le 14 mai une violente altercation publique eut lieu entre les deux hommes. L’ambassadeur qualifia les ordres du capitaine de puérils et déclara que s’il effectuait des achats, c’était sur l’ordre direct de l’empereur, pour le Kunstkamera. Évidemment Kruzenstein répliqua qu’à son bord, il n’y avait qu’un seul maître après Dieu, lui et qu’en aucun cas il n’était sous la coupe de Rezanov. Les officiers, solidaires de leur capitaine sommèrent Rezanov de fournir les preuves de ce qu’il avançait, à savoir son ordre impérial.
En réalité, le supposé ordre n’émanait pas de l’empereur mais d’un de ses conseillers dont Rezanov ne fut même pas capable de donner le nom (il s’agissait du comte Rumyantsev). Le ton monta encore d’un cran, Rezanov hurlant que lui “était tout et que Kruzenstern n’était rien”. En réalité, Rezanov ne put prouver quoi que ce soit et tous les officiers, Krusentern en tête, décidèrent de le mettre à l’écart et de surtout ne plus tenir aucun compte de ses éventuels ordres ou consignes.
L’affaire aurait pu en rester là, puisque le diplomate, vexé, humilié, décida de s’enfermer dans la cabine qu’il partageait avec Krusentern jusqu’à leur arrivée au Kamtchatka. Plus tard, il tenta bien de faire croire que dans le cadre de ce qu’il qualifiait de mutinerie, il avait été enfermé par le capitaine, mais il ne fut pas cru. Pour comble de malchance, le 30 mai, Johann Neumann, cuisinier personnel de Rezanov, que celui-ci avait forcé à embarquer alors qu’il était déjà malade, décéda. Le diplomate en fut réduit à la soupe du bord...
En réalité, le supposé ordre n’émanait pas de l’empereur mais d’un de ses conseillers dont Rezanov ne fut même pas capable de donner le nom (il s’agissait du comte Rumyantsev). Le ton monta encore d’un cran, Rezanov hurlant que lui “était tout et que Kruzenstern n’était rien”. En réalité, Rezanov ne put prouver quoi que ce soit et tous les officiers, Krusentern en tête, décidèrent de le mettre à l’écart et de surtout ne plus tenir aucun compte de ses éventuels ordres ou consignes.
L’affaire aurait pu en rester là, puisque le diplomate, vexé, humilié, décida de s’enfermer dans la cabine qu’il partageait avec Krusentern jusqu’à leur arrivée au Kamtchatka. Plus tard, il tenta bien de faire croire que dans le cadre de ce qu’il qualifiait de mutinerie, il avait été enfermé par le capitaine, mais il ne fut pas cru. Pour comble de malchance, le 30 mai, Johann Neumann, cuisinier personnel de Rezanov, que celui-ci avait forcé à embarquer alors qu’il était déjà malade, décéda. Le diplomate en fut réduit à la soupe du bord...
Les incarcérer et les pendre...
Krusentern, suivant à peu de choses près le trajet de James Cook quelques années plus tôt, parvint le 9 juin aux îles Hawaii où il fit une brève escale (la Neva demeurant un peu plus longtemps). Le 15 juillet, le navire russe jetait l’ancre devant Petropavlovsk-Kamtchatsky, trente-cinq jours après avoir quitté Hawaii. A peine à terre, Rezanov remit sa “mutinerie” à l’ordre du jour ; il envoya un message au gouverneur Pavel Koshelev qui se trouvait alors à plus de mille kilomètres de là, dans la ville de Nizhnekamchatsk tandis que le commandant du port le logeait dans sa propre demeure, tout en assurant la nourriture de tout l’équipage qui avait quitté le Brésil cinq mois plus tôt. Un seul homme, durant cette longue odyssée, manifesta des signes de scorbut, mais en réalité, à la fin de l’expédition Krusentern n’avait perdu aucun marin. Un exploit pour l’époque !
Rezanov, dans sa lettre au gouverneur, avait spécifié que “les officiers de la marine se sont rebellés à mon bord”. Il savait qu’il devait attendre le retour du gouverneur qui se fit le 10 août, après vingt-six jours d’absence. Entre-temps, Krusenstern fit débarquer les affaires de son encombrant ambassadeur, ce qui le mit dans une rage folle, menaçant tous les officiers de les incarcérer et de les pendre...
Rezanov, dans sa lettre au gouverneur, avait spécifié que “les officiers de la marine se sont rebellés à mon bord”. Il savait qu’il devait attendre le retour du gouverneur qui se fit le 10 août, après vingt-six jours d’absence. Entre-temps, Krusenstern fit débarquer les affaires de son encombrant ambassadeur, ce qui le mit dans une rage folle, menaçant tous les officiers de les incarcérer et de les pendre...
Rezanov retourne sa veste
Compte tenu du rang de Rezanov et de la gravité de ses accusations, Koshelev ne put faire autrement que d’ouvrir une enquête. Concrètement tout reposait sur les seules accusations de Rezanov, ce qui était bien maigre pour un dossier concernant une mutinerie. Krusenstern donna bien entendu sa version, écrivit un rapport complet au ministre de la justice russe, Nicolas Novosiltsev, au mois de juin 1804. Lors du procès ouvert au Kamchatka, Krusenstern poussa le bouchon un peu plus loin en remettant son épée et en réclamant son retour pour St-Petersbourg. Ce qui réduisait à néant la mission diplomatique de Rezanov au Japon. Celui-ci sembla comprendre qu’à ce bras de fer, c’est lui qui avait le plus à perdre ; il parut revenir à la raison et alla même jusqu’à affirmer que Krusenstern lui avait présenté des excuses, alors que ce même Krusenstern assurait qu’au contraire, c’est Rezanov lui-même qui vint s’excuser et demander au capitaine de ne pas abandonner la mission pour qu’il puisse se rendre au Japon. Finalement, le 16 août, Rezanov organisa une réconciliation et écrivit même à l’empereur pour louer les qualités de commandant de son rival !
L’affaire de la mutinerie de Nuku Hiva en resta là, et les deux protagonistes poursuivirent leur voyage au Japon et dans le Pacifique Nord ensemble, même si leurs relations personnelles demeurèrent très tendues.
Si Krusenstern termina avec brio sa circumnavigation (il fut de retour à Saint-Pétersbourg le 30 août 1806, trois ans et douze jours après en être parti), Rezanov en revanche n’emporta pas au paradis les problèmes qu’il avait causé : il mourut de fièvre et d’épuisement à Krasnoïarsk (en Sibérie orientale) le 8 mars 1807, alors que Kruzenstern vécut jusqu’à 75 ans (il décéda le 24 août 1846 à Liivaküla en Estonie, son pays natal).
L’affaire de la mutinerie de Nuku Hiva en resta là, et les deux protagonistes poursuivirent leur voyage au Japon et dans le Pacifique Nord ensemble, même si leurs relations personnelles demeurèrent très tendues.
Si Krusenstern termina avec brio sa circumnavigation (il fut de retour à Saint-Pétersbourg le 30 août 1806, trois ans et douze jours après en être parti), Rezanov en revanche n’emporta pas au paradis les problèmes qu’il avait causé : il mourut de fièvre et d’épuisement à Krasnoïarsk (en Sibérie orientale) le 8 mars 1807, alors que Kruzenstern vécut jusqu’à 75 ans (il décéda le 24 août 1846 à Liivaküla en Estonie, son pays natal).
Krusenstern : “Des sauvages”
Krusenstern a laissé de son escale aux îles Marquises une relation fort détaillée qui prouve qu’il avait su réellement s’intéresser à ce monde insulaire totalement nouveau pour lui. On est frappé par la précision de ses descriptions tant géographiques qu’anthropologiques ; il est vrai qu’il fut aidé, sur place, par la présence de Robarts et de Kabris, l’Anglais et le Français étant totalement intégrés à la population de Nuku Hiva dont ils avaient adopté la langue et les coutumes (à l’exception du cannibalisme toutefois). On est donc surpris à la fin de la chronique de Krusenstern de voir que ses appréciations sur ce peuple qui l’avait fort bien accueilli soient aussi négatives. Nous vous livrons quelques extraits de ce texte d’une rare dureté envers les Marquisiens :
“On trouvera sans doute étrange qu'après avoir apporté d'Europe les préjugés les plus favorables aux insulaires du Grand-Océan, qu'après avoir eu la meilleure opinion des Nukuhiviens pendant les premiers jours de ma relâche chez eux, je finisse par en faire une peinture si désavantageuse ; mais la surprise cessera, si l'on veut bien peser avec impartialité les raisons suivantes.
Les deux Européens que nous avons trouvés à Nukuhiva, et qui avaient vécu plusieurs années dans cette île, se sont accordés à dire que les habitants sont dépravés, barbares, et, sans excepter même les femmes, cannibales dans toute l'étendue du terme ; que leur air de gaîté et de bonté qui nous a si fort trompés, ne leur est pas naturel ; que la crainte de nos armes ou l'espérance du gain les avaient seules empêché de donner un libre cours à leurs passions féroces. Ces Européens décrivirent, comme témoins oculaires, avec les plus grands détails, des scènes affreuses qui avaient lieu presque tous les jours chez ce peuple, surtout en temps de guerre. Ils nous racontèrent avec quelle rage ces barbares tombent sur leur proie, lui coupent la tête, sucent avec une horrible avidité le sang par une ouverture qu'ils font au crâne et achèvent ensuite leur détestable repas. Tous les crânes que nous avons obtenus d'eux avaient cette ouverture.
J'ai d'abord refusé de croire à ces horreurs, et regardé ces rapports comme fort exagérés. Mais ces récits reposent sur la déposition unanime de deux hommes qui ont été, pendant plusieurs années, non-seulement témoins, mais encore acteurs dans ces scènes abominables. Ces deux hommes étaient ennemis jurés, et cherchaient, en se calomniant et se dénigrant réciproquement, à se mettre plus en crédit dans notre esprit. Jamais cependant ils ne se sont contredits sur ce point. La justice même que Robarts rendait à son adversaire de n'avoir, en aucun temps, mangé la chair de sa victime, et de l'avoir cédée pour un cochon, donne encore à ces faits un plus grand degré de vraisemblance (...) Chaque jour les Nukuhiviens nous apportaient une quantité de crânes à vendre ; leurs armes étaient toutes ornées de cheveux ; des ossements humains décoraient, à leur manière, une grande partie de leurs meubles. Ils nous faisaient connaître aussi, pas leurs pantomimes, leur goût pour la chair humaine. Toutes ces particularités suffisent malheureusement pour prouver que ce sont des cannibales (...) Ce qui place les habitants des îles Washington (ndlr : les Marquises du nord) à la tête des plus affreux cannibales, c'est que, dans les temps de famine, les hommes tuent les femmes, les enfants, les vieillards ; ils cuisent et rôtissent leur chair, et la mangent avec le plus grand plaisir. Ces Nukuhiviennes même qui paraissaient si douces, dont les regards n'exprimaient que la volupté, prennent aussi part, quand cela leur est permis, à ces détestables repas (...).
Il résulte de ce portrait des Nukuhiviens, qui peut paraître chargé, mais qui certainement ne l'est pas, qu'ils n'ont ni institutions sociales, ni religion, ni sentiments moraux ; qu'ils ne connaissent d'autre jouissance que celle de satisfaire leurs besoins physiques ; en un mot, qu'il n'existe en eux aucune trace de bonne qualité : que c'est par conséquent la race d'hommes la plus vicieuse qui existe sur la terre. Ainsi, on ne sera pas scandalisé de ce que je les ai nommés des sauvages (...) Je ne puis m'empêcher de regarder tous ces insulaires non-seulement comme des sauvages (...) mais encore comme appartenant à cette classe d'hommes au-dessous de la brute qui mangent leurs semblables : c'est tout au plus si l'on peut admettre une ou deux exceptions”.
“On trouvera sans doute étrange qu'après avoir apporté d'Europe les préjugés les plus favorables aux insulaires du Grand-Océan, qu'après avoir eu la meilleure opinion des Nukuhiviens pendant les premiers jours de ma relâche chez eux, je finisse par en faire une peinture si désavantageuse ; mais la surprise cessera, si l'on veut bien peser avec impartialité les raisons suivantes.
Les deux Européens que nous avons trouvés à Nukuhiva, et qui avaient vécu plusieurs années dans cette île, se sont accordés à dire que les habitants sont dépravés, barbares, et, sans excepter même les femmes, cannibales dans toute l'étendue du terme ; que leur air de gaîté et de bonté qui nous a si fort trompés, ne leur est pas naturel ; que la crainte de nos armes ou l'espérance du gain les avaient seules empêché de donner un libre cours à leurs passions féroces. Ces Européens décrivirent, comme témoins oculaires, avec les plus grands détails, des scènes affreuses qui avaient lieu presque tous les jours chez ce peuple, surtout en temps de guerre. Ils nous racontèrent avec quelle rage ces barbares tombent sur leur proie, lui coupent la tête, sucent avec une horrible avidité le sang par une ouverture qu'ils font au crâne et achèvent ensuite leur détestable repas. Tous les crânes que nous avons obtenus d'eux avaient cette ouverture.
J'ai d'abord refusé de croire à ces horreurs, et regardé ces rapports comme fort exagérés. Mais ces récits reposent sur la déposition unanime de deux hommes qui ont été, pendant plusieurs années, non-seulement témoins, mais encore acteurs dans ces scènes abominables. Ces deux hommes étaient ennemis jurés, et cherchaient, en se calomniant et se dénigrant réciproquement, à se mettre plus en crédit dans notre esprit. Jamais cependant ils ne se sont contredits sur ce point. La justice même que Robarts rendait à son adversaire de n'avoir, en aucun temps, mangé la chair de sa victime, et de l'avoir cédée pour un cochon, donne encore à ces faits un plus grand degré de vraisemblance (...) Chaque jour les Nukuhiviens nous apportaient une quantité de crânes à vendre ; leurs armes étaient toutes ornées de cheveux ; des ossements humains décoraient, à leur manière, une grande partie de leurs meubles. Ils nous faisaient connaître aussi, pas leurs pantomimes, leur goût pour la chair humaine. Toutes ces particularités suffisent malheureusement pour prouver que ce sont des cannibales (...) Ce qui place les habitants des îles Washington (ndlr : les Marquises du nord) à la tête des plus affreux cannibales, c'est que, dans les temps de famine, les hommes tuent les femmes, les enfants, les vieillards ; ils cuisent et rôtissent leur chair, et la mangent avec le plus grand plaisir. Ces Nukuhiviennes même qui paraissaient si douces, dont les regards n'exprimaient que la volupté, prennent aussi part, quand cela leur est permis, à ces détestables repas (...).
Il résulte de ce portrait des Nukuhiviens, qui peut paraître chargé, mais qui certainement ne l'est pas, qu'ils n'ont ni institutions sociales, ni religion, ni sentiments moraux ; qu'ils ne connaissent d'autre jouissance que celle de satisfaire leurs besoins physiques ; en un mot, qu'il n'existe en eux aucune trace de bonne qualité : que c'est par conséquent la race d'hommes la plus vicieuse qui existe sur la terre. Ainsi, on ne sera pas scandalisé de ce que je les ai nommés des sauvages (...) Je ne puis m'empêcher de regarder tous ces insulaires non-seulement comme des sauvages (...) mais encore comme appartenant à cette classe d'hommes au-dessous de la brute qui mangent leurs semblables : c'est tout au plus si l'on peut admettre une ou deux exceptions”.
Seulement deux fois à terre...
Krusenstern, lors de son escale de onze jours dans la baie de Anna Maria (nom alors donné à la baie de Taiohae) n’a eu qu’un aperçu très succinct de ce qu’était la société marquisienne, car dans son journal, Edward Robarts, l’Anglais installé à Nuku Hiva depuis 1797, ayant servi de guide et d’interprète entre Marquisiens et Russes, note que le capitaine de la Nadezhda ne vint à terre, en tout et pour tout, que deux fois seulement, une manière de quelque peu décrédibiliser ses jugements à l’encontre d’une société qu’il ne prit en réalité pas le temps de connaître. “Je prends (...) la liberté de demander au lecteur impartial s’il peut croire que le capitaine Krusenstern était en mesure de porter un jugement sur leur langue, leur comportement, etc., vu qu’il n’est descendu que deux fois à terre, et en ma compagnie”.
Silence sur la mutinerie
A peine arrivé en territoire russe, devant Petropavlovsk-Kamtchatsky, trente-cinq jours après avoir quitté Hawaii, Rezanov remit sa “mutinerie” à l’ordre du jour ; il espérait faire pendre Krusenstern et ses officiers !
Au terme de cette expédition de trois ans et douze jours, Krusenstern rentra en Russie accueilli en héros.
Quatre auteurs s’attelèrent à l’immense tache de rendre compte de leur mission, Adam Johann von Krusenstern lui-même, Iouri Fedorovitch Lisianski (le capitaine de la Neva), Wilhelm Gottlieb von Tilesius von Tilenau (naturaliste et illustrateur) et Georg Heinrich von Langsdorff (médecin et naturaliste).
Dans leurs récits, à aucun moment, ces quatre auteurs ne font référence à la fameuse mutinerie que dénonça en vain Rezanov. Celle-ci est aujourd’hui pour ainsi dire gommée de l’histoire officielle de cette exceptionnelle circumnavigation, la première pour la Russie. Il convenait, c’était une évidence à l’époque, de ne pas en assombrir la narration et de ne pas en ternir l’éclat par des considérations “futiles”...
Quatre auteurs s’attelèrent à l’immense tache de rendre compte de leur mission, Adam Johann von Krusenstern lui-même, Iouri Fedorovitch Lisianski (le capitaine de la Neva), Wilhelm Gottlieb von Tilesius von Tilenau (naturaliste et illustrateur) et Georg Heinrich von Langsdorff (médecin et naturaliste).
Dans leurs récits, à aucun moment, ces quatre auteurs ne font référence à la fameuse mutinerie que dénonça en vain Rezanov. Celle-ci est aujourd’hui pour ainsi dire gommée de l’histoire officielle de cette exceptionnelle circumnavigation, la première pour la Russie. Il convenait, c’était une évidence à l’époque, de ne pas en assombrir la narration et de ne pas en ternir l’éclat par des considérations “futiles”...
A lire
Un site incontournable dû au travail de l’infatigable Jacques Iakopo Pelleau :
www.te-eo.com/index.php/menu-histoire/recits-anciens-menu/item/356-03-1804-adam-von-krusenstern-extraits-de-voyage-autour-du-monde-1810-1812
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- Krusenstern publia la relation de son voyage sous le titre de Voyage autour du monde dans les années 1803-1806, Saint-Pétersbourg, 1810-1812, 4 vol. et atlas de 104 cartes (en allemand).
- Lisianski rédigea une Description d'un voyage autour du monde, Saint-Pétersbourg, 1810.13, 2 vol. in-8° (en russe), traduit en allemand par Pansner
- Langsdorff (Georg Heinrich von Langsdorff), membre de l’expédition a publié Observations sur un voyage autour du monde dans les années 1803-1807, Francfort, 1812, 2 vol. in-8° avec planches
- Tilesius (Wilhelm Gottlieb von Tilesius von Tilenau) : Fruits pour l'histoire naturelle de la première circumnavigation impériale russe accomplie sous le commandement de Krusenstern, Saint-Pétersbourg et Leipzig, 1813, in-8° (en allemand).
- Robarts, Edward : “Journal Marquisien, 1798-1806” ; traduction de Jacques Iakopo Pelleau, Haere Pō, Tahiti, 2018.
- Krusenstern, Adam von : “Voyage autour du monde fait dans les années 1803, 1804, 1805 et 1806”, Paris, 1821/ Hachette – BNF
- Porter, Commodore David, “Nukuhiva, 1813-1814 ; le Journal d’un corsaire américain aux îles Marquises”, éditions Haere Pō, Tahiti 2014.
www.te-eo.com/index.php/menu-histoire/recits-anciens-menu/item/356-03-1804-adam-von-krusenstern-extraits-de-voyage-autour-du-monde-1810-1812
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- Krusenstern publia la relation de son voyage sous le titre de Voyage autour du monde dans les années 1803-1806, Saint-Pétersbourg, 1810-1812, 4 vol. et atlas de 104 cartes (en allemand).
- Lisianski rédigea une Description d'un voyage autour du monde, Saint-Pétersbourg, 1810.13, 2 vol. in-8° (en russe), traduit en allemand par Pansner
- Langsdorff (Georg Heinrich von Langsdorff), membre de l’expédition a publié Observations sur un voyage autour du monde dans les années 1803-1807, Francfort, 1812, 2 vol. in-8° avec planches
- Tilesius (Wilhelm Gottlieb von Tilesius von Tilenau) : Fruits pour l'histoire naturelle de la première circumnavigation impériale russe accomplie sous le commandement de Krusenstern, Saint-Pétersbourg et Leipzig, 1813, in-8° (en allemand).
- Robarts, Edward : “Journal Marquisien, 1798-1806” ; traduction de Jacques Iakopo Pelleau, Haere Pō, Tahiti, 2018.
- Krusenstern, Adam von : “Voyage autour du monde fait dans les années 1803, 1804, 1805 et 1806”, Paris, 1821/ Hachette – BNF
- Porter, Commodore David, “Nukuhiva, 1813-1814 ; le Journal d’un corsaire américain aux îles Marquises”, éditions Haere Pō, Tahiti 2014.
La poste russe ne pouvait faire moins que de rendre hommage à celui qui porta haut les couleurs de son pays dans un Pacifique jusque-là négligé par les tsars.